L'effet de l'altitude se fait sentir.
A droite, Marie est frigorifiée.
Au centre, Jean-Marc, accroupi, prend le temps de s'habiller chaudement.
Denis placide et expérimenté jette un oeil sur la troupe et conseille les arrivants.
Michel découvre le mal des montagnes !
Aie, aie, aie... Mal à la tête !

La caravane arrive au col.
Elle a quitté le campement une bonne heure après les marcheurs.
Le pied ferme et le sabot assuré les petits chevaux vont bon train.
Nos accompagnateurs veillent sur le bon ordonnancement.
Chaque bête a sa place dans la file et la garde avec vigilance.
Quelques ruades viennent rappeler aux impétueux que le respect de l'emplacement est de rigueur.

La montée a été rude et les bagages ont bougé.
Il ne s'agit pas que les chargements déstabilisent les bêtes pendant la descente.
Les "horse men" réajustent les fardeaux sur le dos des chevaux.

Nos accompagnateurs ne dérogent pas à la tradition.
Ils accrochent leurs drapeaux à prières.
Le mouvement du vent dispersera les écrits qui y sont imprimés.

Le soleil et la pluie les délavent progressivement, emportant au ciel les pensées positives des prières.
Les bouddhistes croient que lorsque le ciel sera plein de ces bonnes pensées, la paix et l'harmonie règneront sur terre.

Pourvu qu'ils aient raison !

La caravane nous a dépassé au col.
La descente vers Skiu est engagée, elle prendra plusieurs heures.

jean-Marc, Jean-Kamikaze et Thierry partis en "éclaireurs" suivront ses traces de pas lorsque le doute sur le cheminement s'installera et que l'inquiètude sur la destination finale les taraudera.
  

Simple empilement de pierres, ornés de trophée de blue ships, ces piliers sont le premier signe de présence humaine après le passage du col.
Cette "porte" est probablement un message pour les voyageurs, elle indique le retour à l'espace habité.

Chorten et mur à Mani, un village doit être proche.
Comme conseillé par nos accompagnateurs nous dépassons ces monuments en les contournant par la gauche.
On réduit ainsi le temps qui nous sépare du nirvana après les diverses réincarnations.

Premier village rencontré après le franchissement du Gandha La.

Notre passage est ponctué de chaleureux "jullay".
Dès notre arrivée, une femme affairée à la lessive dans la rivière se précipite à la maison et nous ramène une bouilloire de thé bouillant.
Nous y découvrons le sens du mot hospitalité conjugué en Ladakhi.

Découverte également de l'apreté de la vie en altitude et en autonomie.

Etonnant ce moulin !
Caché sous une toile de parachute nous découvrons ce moulin.
Mu par une arrivée d'eau canalisée (voir photo suivante), la meule tourne sur la pierre "socle".
A chaque tour, elle actionne une petite pièce de bois qui par son mouvement libère quelques grains de céréales contenus dans le panier d'osier.
Les graines tombent dans le trou centrale de la meule.
Ils sont ensuite broyés.
La force centrifuge entraine la farine vers l'extérieur et petit à petit la production "coule" dans la gorge de la pierre.
Il ne reste plus qu'à récolter.
Pour ne rien perdre un "chiffon" de laine sert au "meunier" à ramasser le tout.

Modèle d'ingéniosité et de savoir faire ancestral, ce moulin nous impressionne.

Est-on encore capable de réaliser de tels outils dans nos sociètés modernes ?

On peut réellement en douter !

Respect !

Le moulin est alimenté en eau grâce au canal reliant la rivière et le village.
Les Ladakis sont experts pour organiser l'irrigation de leurs villages.
Les canaux sont nombreux et bien entretenus, ils arrosent les cultures, assurent l'approvisionnement des ménages, abreuvent humains et animaux, actionnent les moulins...

Le gel bloque ces "veines de vie" dès le coucher du soleil.
Il faut souvent attendre le milieu de la matinée pour que l'eau retrouve son aspect liquide. 

Sur cette photo, l'alimentation terminale du moulin (tronc évidé) est encore prise par la glace, il est pourtant près de 13h00.

Le "dzo" est le croisement entre la vache et le yack.
essentiellement fournisseur de lait.

Les chèvres "pashmina" sont source de revenus pour les Ladakhis.
Elles fournissent le lait, la viande (bien que de nombreux Ladakhis soient végétariens) et surtout la célèbre et très onéreuse fourrure "pashmina" utilisée pour les étoles et autres vétements de luxe.

Les ânes sont des auxiliaires précieux, ils contribuent aux travaux et sont utilisés pour toutes sortes de transports.
Il se nourissent des quelques pousses trouvées sur les pentes escarpées.
Le soir, comme les autres animaux domestiques, ils sont rentrés dans les abris...
Le loup encore bien présent dans la vallée rode ! (les traces de pas rencontrées en atteste)

La montagne est proche, teintée de multiples couleurs elle s'offre à nos regards.
Comme dans une galerie de peinture, les violines, émeraudes et autres ocres rivalisent de beauté dans une succession colorée.